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Le développement industriel valdorien: une expertise singulière.

Il y a plus de vingt ans que je suis en poste comme commissaire industriel à la Corporation de développement industriel de Val-d’Or (La Corpo) et ce travail me fait voir des particularités de la profession qui ne finissent pas de m’étonner.

La définition même du terme « Commissaire industriel » est aux yeux de plusieurs nébuleuse et mystérieuse.

 

Je me souviens que lorsque j’étais nouveau venu dans la profession. Afin de m’assurer d’avoir une espérance de survie meilleure que mes prédécesseurs, j’avais essayé de bien définir mon rôle. J’avais pris, alors, rendez-vous avec le maire de l’époque M. Fernand Trahan afin, premièrement de mieux se connaître et deuxièmement comprendre mon rôle et les attentes de l’élite qui nous gouverne. Voulant éviter toute zone grise, j’étais allé droit au but avec la question à cent dollars :

« Fernand c’est quoi un commissaire industriel? »

Connaissant le personnage, j’ai empoigné les bras du fauteuil et me suis positionné prêt à une réponse digne d’une tempête floridienne. Longs silences et longs silences se succèdent, pas d’orage en vue. Soudain je sentis mon interlocuteur se gonfler et lâcher dans son franc parlé :

« Je n’ai aucune **** d’idée, mais arrange-toi pour que ça marche. C’est tout! ».

Je connais dorénavant ma définition de tâche : « Je fais marcher les choses. » : vague et précis à la fois.

Sur cette base mouvante, nous avons travaillé à définir mon rôle et le modèle valdorien de développement industriel.

Avec au départ une organisation à but non lucratif plutôt passive, nous avons pris une décision importante. Dorénavant, nous allons nous comporter comme une « business ». Cette approche a créé beaucoup de bouleversements dans le quotidien de l’organisation.  Avec la complicité de celui qui avait défini ma tâche précédemment, nous sommes passés du rôle de simple occupant jouant un rôle défini par l’élite à celui de partenaire et complice à part entière de la Ville de Val-d’Or.  Nous faisons marcher les choses.

Cette nouvelle approche a changé l’image de la Corpo. Notre relation avec les entrepreneurs s’est à ce jour bâtie par des échanges dans un langage entrepreneurial. On est en business! Nous avons, depuis, développé une certaine notoriété et une grande complicité avec nos entrepreneurs. Le mot d’ordre : simplicité, agilité et proactivité. Le conseil d’administration a adhéré totalement à cette approche.

Le Parc industriel de Val-d’Or a ainsi connu au cours des dernières années un développement impressionnant.

Trois choses ont facilité ce développement :

  1. Un héritage de terrains que nos fondateurs nous ont laissés;
  2. Une grande complicité avec la municipalité et toutes ses parties prenantes;
  3. Une volonté de faire grandir la communauté.

 

Ces éléments et une urgence d’agir ont propulsé la Corpo et ont poussé celle-ci à devenir gestionnaire de projets.

Par une volonté d’accélérer le volet industriel de Val-d’Or, la Corpo s’est bâti une certaine expertise dans la gestion de travaux civils (Développement de rues et de services publics). Elle répondait de façon rapide et efficace aux demandes des entrepreneurs.

Par une entente mutuelle avec la Ville de Val-d’Or, la Corpo a concrétisé ce nouveau rôle.

Elle travaille maintenant en amont des développements industriels urbains en collaborant avec la municipalité dans la planification d’un territoire dédié à l’industrie secondaire et tertiaire.

Avec plus de 10 rues de construites, le Parc industriel de Val-d’Or est une petite ville dans une ville.

 

Cette planification se veut stratégique, tant dans la priorisation de secteurs que dans la création de plans de lotissement.

Supportée par la municipalité, la Corpo travaille de concert avec nos firmes d’ingénierie locales dans la mise en plan des projets, dans la planification du réseau de drainage pluvial, de sa gestion et de ses exutoires.

Elle gère les demandes de certificats d’autorisations au ministère de l’Environnement en y assurant toutes les études terrain requises.

Elle planifie les services connexes tels gaz et électricité. Elle lance les appels d’offres, sélectionne le meilleur entrepreneur. Elle gère alors les projets à titre de maitre d’œuvre.

Elle en partage les coûts avec la municipalité. Elle s’assure de la qualité des travaux et livre une nouvelle rue à la communauté. La rue terminée, elle assure l’électrification et des branchements gaziers.

La Corpo procède alors à la vente des nouveaux terrains créés, cette étape étant l’aboutissement de ses efforts. Elle fixe les conditions de vente, réviser les contrats notariés. En fin de course, elle fait le suivi des engagements contractuels. Ce processus recommence et recommence à nouveau.

Arrivant à la limite territoriale léguée par ses prédécesseurs, la Corpo doit relever de nouveaux défis. Elle doit optimiser son territoire.

 

On dynamite les monticules rocheux et on remplit des creux afin d’utiliser le territoire à sa pleine capacité. La Corpo doit gérer les plans de dynamitage, assurer les volumes nécessaires à la création de nouveaux terrains, assurer la conformité avec les règles environnementales gouvernementales et municipales.

Dans une perspective de pérennité, l’acquisition de nouveaux territoires implique des changements au schéma d’aménagement, la création de nouvelles zones. L’acquisition de lots du ministère des Ressources naturelles. La Corpo doit travailler avec les minières afin de gérer les droits miniers sur les terrains à acquérir. Elle doit préparer les budgets d’un plan de développement en devenir. Elle doit fixer les échéanciers de développement. Et … planifier la réalisation. Tout ce travail doit bien s’arrimer avec la MRC et la municipalité.

Forte de son expertise, la Corpo procède aux mêmes actions dans le développement du Parc aéroportuaire où elle collabore avec Aéroport régional de Val-d’Or. Cette tâche lui demande de gérer une autre organisation, soit le Conseil de développement aéroportuaire de Val-d’Or.

La Corpo a été interpelée par les enjeux de logement. Elle a donc créé la Corporation habitation Val-d’Or et procédé, en collaboration avec la municipalité, à l’installation de nouveaux logements.

Avec l’arrivée des projets de Zones d’innovation, la Corpo a également mis en place une nouvelle organisation connue sous Novinor Innovation. Nous planifions un projet de construction d’un centre de recherche et d’innovation à l’aéroport de Val-d’Or dans les années à venir.

Vous rappelez-vous les mots du maire Trahan, en début de texte? Je crois qu’après toutes ces années, on peut dire que la Corporation de développement industriel de Val-d’Or « S’arrange pour que ça marche! ».
Elle a su faire évoluer son modèle organisationnel pour continuer de supporter ses entrepreneurs dans leurs développements et assurer une pérennité économique à la communauté.

 

  • Jean-Yves Poitras, commissaire industriel
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